Voici quelques repères pour commencer à pratiquer les olfactions conscientes et les méditations olfactives (cliquer pour accéder au chapitre) :
S’ancrer dans le corps
et rencontrer une odeur
Que vous choisissiez votre huile essentielle en « aveugle » – en cachant par exemple l’étiquette du flacon – ou sachant parfaitement qui elle est, l’intention de départ est de ne pas chercher à la reconnaître. Laissez-vous surprendre. Faites abstraction des connaissances antérieures que vous pourriez avoir sur la plante.
Percevoir en toute innocence
Nous cherchons à percevoir la plante et son parfum d’âme au-delà des étiquettes, y compris celles de nos savoirs. Partez du principe que cette médicinale est une parfaite inconnue, une possible amie, qui aura besoin de temps parfois pour révéler sa nature profonde. Peut-être connaissez-vous son nom, ses propriétés. Offrez-vous de la redécouvrir avec un regard innocent, neuf, comme une « première fois ».
Poser son attention
Avant de la humer, asseyez-vous dans une position confortable, de manière à être détendu tout en maintenant la conscience en éveil, l’esprit doucement ouvert, spacieux. Tournez votre attention sur votre inspire et votre expire, sans chercher à modifier votre respiration. Posez-vous dans votre respiration, déposez-vous. Ressentez vos pieds bien à plat sur le sol, votre assise, l’alignement de votre colonne vertébrale. Vous pourriez aussi inviter le son d’un bol tibétain pour clarifier votre attention et préparer votre conscience à la rencontre.
Contempler l’odeur et ses facettes
Déposez une goutte d’huile essentielle sur une touche de parfumerie qui permettra à l’arôme de se révéler dans le temps : vous pourrez ainsi appréhender plus facilement les notes de tête, de cœur et de fond de l’huile essentielle qu’avec une simple respiration au-dessus du flacon ouvert. Concentrez-vous sur les notes aromatiques en leur laissant le temps d’évoluer au fur et à mesure de votre olfaction. La posture est celle d’une observation neutre de l’arôme et de ses effets sur votre corps.
S’ancrer dans la sensation
Dans un premier temps, il est bon de travailler la conscience corporelle, l’ancrage et l’observation des effets fins sur le corps physique, en pratiquant ce qu’on appelle un « scan corporel ». L’observation des effets plus subtils, comme ceux qui s’opèrent sur la psyché ou le système nerveux, peut se faire une fois que la conscience corporelle est bien établie, une fois que l’ancrage est solide.
Corps et esprits joints
Observez votre respiration et suivez le déroulement de votre inspire et de votre expire. Votre observation est dirigée en parallèle sur les notes aromatiques et sur leurs effets sur le corps. Le fil que vous suivez est celui de l’odeur et de la respiration qui vous permet de ne pas décoller du corps. La respiration est votre ancrage, elle joint la conscience et le corps. Et observez comme votre esprit va chercher justement à « décoller », va s’égarer dans les pensées, les associations d’idées, les interprétations (plus ou moins judicieuses).
Observer et non interpréter
Le corps parle
Tout l’enjeu est de bien différencier ce qui est de l’ordre de l’observation d’un phénomène et de son interprétation. Par exemple, si vous observez une sensation de nausée, il se peut que vous l’associiez à un malaise et que vous en déduisiez que l’huile essentielle ne vous convient pas.
Avec la pratique, on sait que les huiles essentielles qui ont une action de décongestion et/ou tonification hépatobiliaire peuvent dans certains cas (sujets sensibles, terrains toxémiques…) générer cette sensation de nausée.
Ne pas figer les sensations
Et il se peut que vous ayez besoin de cette huile essentielle justement parce que le foie est affaibli. La sensation de nausée est une traduction de ses propriétés hépatobiliaires. Laissez les sensations évoluer dans le temps, ne les figez pas (souvent une sensation douloureuse ou inconfortable s’estompe au fur et à mesure de l’olfaction). Nous saurons en fonction des réactions qu’il faudra adapter le dosage de cette huile essentielle selon le terrain du sujet.
Cependant associer directement nausée et action hépatobiliaire est une interprétation. Certaines huiles essentielles toniques circulatoires peuvent aussi générer ce type de sensation sans pourtant avoir ces propriétés sur le foie.
Construire ses propres repères
Pendant une olfaction, nous prenons soin de faire la différence entre ce que nous observons et ce que nous déduisons. Le moment de l’olfaction est celui de l’observation. Et nous apprenons, avec la pratique, à repérer comment notre corps traduit les propriétés d’une huile essentielle, à écouter le langage de notre corps. Nous acquérons des repères précis, qui sont les nôtres.
Par exemple, les cétones à 10 atomes de carbone (monoterpéniques) peuvent être perçues de manière différente en fonction de la sensibilité de chacun, plus ou moins agréable, associées à la sensation d’un casque qui enserre les tempes, une pression au niveau des globes oculaires, une raideur dans la nuque, un geste qui contraint ou immobilise suivie d’une décongestion, un froid métallique, ou encore une sensation d’élévation qui pointe comme une flèche…
Laisser le mental analytique de côté
Après l’olfaction, on peut ensuite chercher à comprendre et faire des liens. Mais au moment de l’olfaction, nous restons dans la seule observation, sans chercher à réveiller le mental analytique et raisonneur, source d’erreur d’interprétation et de biais cognitifs.
Pas à pas, olfaction après olfaction, le langage du corps s’affine. Plus précisément, notre compréhension du langage du corps qui réagit et traduit le génie de l’huile essentielle se développe, gagne en clarté. Notre « carte intérieure » se construit ainsi que nos repères olfactifs.
Affiner ses perceptions
Se mettre à l’écoute des microphénomènes
Ainsi, pendant une olfaction attentive, il ne s’agit pas de comprendre et d’analyser ses ressentis mais de rester dans une observation très fine, ancrée dans le corps, sur la respiration et sur l’odeur. Le corps, sous l’effet de l’olfaction, va entrer en dialogue avec l’huile essentielle et va réagir, « parler ».
Où porter son attention dans les premiers temps ?
- Observez ces microphénomènes
- Comment la salivation, la digestion, la circulation veineuse ou lymphatique vont être mobilisées ou non
- Comment la sphère cardiaque répond (rythme, pulsation),
- Comment la respiration est modifiée : elle ralentit, s’accélère, s’approfondit, s’apaise ou au contraire une sensation d’étouffement apparaît…
- La congestion ou de décongestion musculaire, les spasmes ou la détente.
- Observez sans rien rejeter : autorisez les tensions ou les sensations peu plaisantes à exister, sans chercher à les faire disparaître mais en mettant de l’espace autour.
- Redécouvrez votre espace intérieur via votre conscience corporelle. L’attention se mobilise sur deux axes : l’observation des signaux du corps et des notes aromatiques, leur évolution.
- Appréciez chaque facette qui se révèle dans l’arôme. Utilisez tous vos sens pour capter ce que l’arôme exprime :
- Derrière une note légèrement florale, écoutez aussi le murmure du vent dans les hautes herbes.
- Derrière des aspects aqueux, cristallins, sentez aussi la solidité minérale que transmet une huile essentielle.
Le tout dans la tranquillité et l’attention ; accueillez sans vouloir autre chose que ce qui se manifeste-là.
Souvent, quand la conscience se concentre sur les notes olfactives qui apparaissent au fil de la méditation, sans s’y attacher mais en les observant, les effets de l’huile essentielle sur le corps se révèlent aussi.
Perspective
Quitter la conscience ordinaire
Ensuite, il est possible de s’exercer pour percevoir les effets plus fins, énergétiques, vibratoires d’une huile essentielle, ses propriétés hormonales, sa dimension psycho-émotionnelle, sa résonance archétypale, ou même son action sur le système nerveux, parasympathique ou orthosympathique, sur la conscience.
Goûter à l’arrière-plan de la réalité, entrer dans la Présence
L’huile essentielle nous maintient-t-elle dans une conscience ordinaire, tout en rééquilibrant merveilleusement le corps, ou nous permet-t-elle de goûter à une qualité de présence autre ?
Il existe des huiles essentielles neurotropes qui libèrent du petit mental et qui nous ouvrent à « plus grand que nous ». Ces huiles nous permettent de goûter ce qu’on pourrait appeler l’arrière-plan de la réalité. Nous touchons avec elles une autre dimension de la conscience, plus vaste et transparente, sans se déconnecter du corps et de sa sagesse.
Toutes les huiles essentielles de manière générale œuvrent dans un principe de résilience, qui nous invite à revenir habiter le corps-conscience. Certaines nous aident en particulier à ouvrir en grand les portes de la perception et nous permettent de capter les messages de notre Guide intérieur..
Célébrer la sagesse du vivant
Quoi qu’il en soit, même si certaines huiles essentielles semblent élever le plan de conscience plus que d’autres, la méditation olfactive nous enseigne à rendre hommage à la sagesse du Vivant.
Cette aromathérapie sensible s’offre comme une voie de connaissance qui n’est pas réservée à quelques élites mais qui s’acquiert, pas à pas, en pratiquant avec humilité, avec cœur et sensibilité, et dans le respect des ressentis de chacun.
Laisser du temps au temps
Combien de temps pour une olfaction ?
Pour commencer, l’olfaction peut durer de quelques minutes à un quart d’heure. Nous nous pouvons ensuite passer à 1⁄2 heure pour une méditation olfactive plus profonde. L’olfaction peut durer jusqu’à 45 minutes voire 1 heure pour les personnes bien entraînées qui plongent dans l’odeur pour communier avec les subtilités de la médicinale.
Il peut être judicieux de garder l’huile essentielle pour refaire une autre olfaction plus tard dans la journée ou le lendemain. Il est intéressant de travailler une huile essentielle ainsi sur plusieurs jours et de noter les différences tant au niveau de l’appréciation de l’odeur que des effets sur le corps.
S’exercer
Pour vous aider à pratiquer en aveugle, vous pouvez envelopper d’un papier blanc tous vos flacons. Ou extraire de petites quantités dans des flacons vierges. Dans ce cas, notez le nom de l’huile essentielle sous le flacon pour qu’il ne soit pas apparent.
Laissons-leur maintenant la place. Écoutons ce qu’elles ont à nous révéler, leurs messages nous guideront d’un pas sûr dans notre cheminement intérieur.
Cet article est en partie extrait de :
Le grand livre des huiles essentielles, médecine de l’âme et voie d’éveil
– 50 huiles essentielles Coeur – Corps – Esprit –
Agnès Addey